Poste de controle (vakhta)



Vestiges


Plan du poste de contrôle

En venant au camp 93 depuis la voie ferrée, on arrive devant le portail, flanqué du poste de garde. Entrées et sorties individuelles se font en empruntant un étroit couloir (B1-1) où la garde peut effectuer le contrôle d’identité et la fouille. Ce couloir communique avec l’intérieur du bâtiment via un guichet grillagé qui donne sur une salle de garde (B1-2). Le couloir mis à part, toutes les pièces (B1-2 à B1-6) sont accessibles depuis l’extérieur du camp uniquement ; elles servent aux gardes et au personnel du camp. À l’exception de la salle de garde, les pièces du bâtiment sont utilisées par ceux qui attendent leur tour de garde. Les poêles qui permettaient de se chauffer sont aujourd’hui effondrés et leurs restes recouvrent le sol des pièces. Le poste de contrôle est dans l’ensemble bien conservé aujourd’hui ; ses murs sont debout et le toit est encore en place.


Retrouvons Vadim Gritsenko devant le poste de contrôle. Entretien enregistré le 16 Août 2019, traduction Eric Hoesli.





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Le poste de contrôle (vakhta)
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Couloir pour l’entrée et la sortie, vu depuis l’extérieur du camp.
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Le même couloir, vu depuis le camp.
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Fenêtre par laquelle la garde surveille le portail principal et le couloir de passage.
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Restes d’un poêle dans la salle de garde
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Couloir (B1-4) menant à la salle de garde.





Témoignages


Le poste de contrôle, passage obligatoire pour quiconque désirait entrer ou sortir de la zone, avait pour fonction la surveillance des allées et venues par le portail du camp. P. M. Rogov et Iou. P. Iakimenko nous relatent des épisodes s’étant produit à l’entrée du camp.


Pavel Mikhaïlovitch Rogov, ancien gardien du projet 501

[Interview mené par l’historien Vadim Gritsenko]

P. R. : Je me souviens encore de ceci : il y avait parmi nous un komsomol, le gardien Petia Korolev. Il avait justement conduit une équipe décharger des wagons. Il était armé. Mais s’étant saoulé au point de ne plus tenir debout, il s’écroula. Les prisonniers terminèrent le travail ; il fallait relever la brigade. Alors ils ramenèrent eux-mêmes Petia avec son fusil.
V. G. : Les prisonniers ?
P. R. : Ben oui, qui d’autres ! Et donc, cet Alexeï Ivanovitch ramena la brigade à la zone, toqua et s’annonça. Derrière lui se tenaient en rangs les zeks avec leur chapka japonaise. Le soldat de garde s’effraya de voir les zeks sans gardien. Il pensa : peut-être devrais-je relever la sûreté de mon arme ? Mais on lui cria : « Ne fais pas de bruit ! On a ramené Petia Korolev !
(V. N. Gritsenko, Le Yamal du Nord sous Staline, p.128)


Iouri Petrovitch Iakimenko, ancien prisonnier sur le projet 501

« On nous a fait descendre des wagons à bestiaux dans la région de la Petchora et une énorme masse de gens sous escorte renforcée s’est ébranlée vers le camp de transit. Tout le monde marchait en silence, il n’y avait rien à dire. Ils nous ont conduits vers une grande zone de transit, entourée d'une haute palissade en bois surmontée de fils de fer barbelés et surplombée par de nombreux miradors occupés par des sentinelles. Le véritable royaume du diable. Ils nous ont emmenés dans la zone par groupe de cinq. Les baraques étaient isolées les unes des autres. Des gardes munis de fusils et leurs chiens rôdaient dans l’allée principale, observant ce que faisaient les zeks. »
(I.P. Iakimenko, Dans les prisons et les camps, p.89)